
Du coup, dans ces endroits, la foule revient sur les lieux : des grottes, des champs de montagne, et à Saut d’Eau, au pied de la cascade vertigineuse. Espérant un nouveau miracle.
Chaque année, le pèlerinage vers le village rebaptisé Ville Bonheur est un événement, une activité obligée, une destination. On va y faire des vœux à Notre Dame du Mont Carmel, Vierge Miracle, ou à Erzulie Dantor, divinité vodoue qui habite la grande cascade.On demande la guérison, un mari, des enfants, une maison. Tout ce qui peut être demandé.
La marche vers la chute est un moment fort. La foule est dense dès le village. Familles, vieilles dames au regard lointain, jeunes en groupes, diasporas endimanchés de clinquant et de luxe tapageur…

La cascade est impressionnante. Mais le spectacle est ailleurs. Hommes, femmes, paysans, mulâtres, jeunes et vieux. Tout le monde se mêle dans une danse unique, un bain collectif. Des femmes jettent leurs vêtements, qui partent dans le courant. Comme une défroque dont on se débarrasse. Sans doute un moyen de chasser le mauvais des temps d’avant pour s’habiller de neuf. Des téméraires sont exactement sous la chute. L’eau qui cascade doit peser des tonnes.
Des transes aquatiques se déclenchent. Certains sont visiblement habités et se contorsionnent dans le courant. Les mouvements convulsifs, le rythme marqué, les prières parmi les chants païens… Alentour, les bougies sont allumées au pied des mapous et des arbres sacrés.
Les rassemblements sont toujours impressionnants dans ce pays : bandes raras, carnaval, manifestations. Mais l’athmosphère de magie et de présence divine au pied de cette cascade est une expérience forte et unique.
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