Devant deux douzaines de chefs d'Etat africains rassemblés sur Eagle Square, la place de la capitale fédérale lieu de tous les rassemblement officiels, Goodluck Jonathan a déclaré que "la transformation commence aujourd'hui".
"Ensemble nous allons unifier notre nation et améliorer le niveau de vie de toutes nos populations, du nord au sud, de l'est à l'ouest", a déclaré le nouveau président dans son discours inaugural.
"Nous ne laisserons personne exploiter les différences religieuses ou linguistiques pour nous dresser les uns contre les autres", a poursuivi M. Jonathan sous les applaudissements de milliers de personnes.
Trois jours d'émeutes consécutives à son élection, contestée au nord du pays, avaient fait plus de 800 morts.
Le 16 avril dernier, M. Jonathan, 53 ans, un chrétien sudiste, avait facilement battu un ex-dirigeant militaire du nord essentiellement musulman, Muhammadu Buhari, lors d'un scrutin considéré comme l'un des plus équitables depuis deux décennies.
Buhari, connu pour "sa guerre contre l'indiscipline" dans les années 1980, avait bénéficié d'une réputation de combattant contre la corruption dans un pays rongé par ce fléau, mais cela n'avait pas suffi.
Dimanche, le nouveau président a appelé son rival malheureux "à se joindre (à lui) alors que nous commençons à transformer notre pays".
En prévision de la cérémonie de dimanche, la sécurité avait été renforcée au maximum sur Eagle Square et toutes les rues alentour avaient été fermées à la circulation dans un rayon de plusieurs kilomètres.
Un double attentat à la voiture piégée s'était produit près du square lors des cérémonies de célébration du cinquantenaire de l'indépendance en octobre dernier et avait fait 12 morts.
10.000 membres des forces de sécurité, essentiellement des policiers, mais aussi des soldats et des agents des services secrets, appuyés par deux hélicoptères, avaient été mobilisés pour la circonstance, et tous les services de téléphonie mobile GSM avaient même été suspendus à Abuja sur instruction du gouvernement, selon un message envoyé aux clients par un des fournisseurs.
Pour marquer l'entrée en fonction de Goodluck Jonathan, le premier président originaire de la région pétrolifère du Delta du Niger, quelque 20 chefs d'Etat, essentiellement africains, avaient fait le déplacement, notamment l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Sud-africain Jacob Zuma, le Zimbabwéen Robert Mugabe, et l'Ougandais Yoweri Museveni.
L'ancienne puissance coloniale britannique était représentée par le ministre en charge des affaires africaines Henry Bellingham, et Washington avait dépêché son secrétaire d'Etat adjoint en charge de l'Afrique Johnnie Carson.
Bien avant le scrutin présidentiel, Jonathan a dû faire face à l'hostilité du nord, plus pauvre et moins éduqué que le sud producteur de pétrole.
Sa nomination a mis fin à une règle interne au parti au pouvoir, le Parti Démocratique du Peuple (PDP), qui prévoit une rotation entre candidats du nord et du sud chaque deux mandats.
Alors vice-président, il était arrivé au pouvoir en mai 2010 après la mort d'Umaru Yar'Adua, un président musulman du nord qui n'est pas parvenu au terme de son premier mandat.
Pour cette raison, de nombreux Nigérians ont affirmé qu'un nordiste devait être nommé par le parti au pouvoir, qui a remporté toutes les présidentielles depuis le retour à un pouvoir civil en 1999.
Sur son nouveau bureau présidentiel, M.Jonathan n'a pas que les problèmes récurrents de violences ethnico-religieuses au nord du pays: au sud, le Delta du Niger, sa région d'origine, connait une paix relative depuis une amnistie en 2009, mais on ignore combien de temps elle durera dans cette zone pétrolifère vitale pour le pays.
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