Plusieurs facultés de l’Université d’Etat d’Haïti hébergent des programmes de maîtrise. Depuis 1979, la faculté d’ethnologie (FE) a un département des sciences du développement (DSD). L’Ecole Normale Supérieure (ENS) offre une maîtrise du français langue étrangère (FLE) depuis 2001, et une en histoire et géographie après le séisme. La Faculté des Sciences Humaines (FASCH) a sa maîtrise en population et développement (MAPODE) qui se prolonge en un centre en population et développement (CEPODE). D’autres programmes existent sans être sous la tutelle d’une faculté, comme les maîtrises en patrimoine et en criminologie pour ne citer que ceux-là.
Le budget alloué à l’UEH ne suffit pas à entretenir le niveau de la licence, voire le niveau de la maitrise. Grace à la coopération avec des universités étrangères, notamment l’université Paris 8 et l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), les programmes post-gradués subsistent. La MAPODE de la FASCH est soutenue par le Fonds des Nations-Unies pour la Population (FNUAP). L’UEH tire partie de cette coopération. Néanmoins, d’aucuns ont encore des doutes quant à la capacité de l’université de s’engager dans la formation post-licence.
Une nécessité intrinsèque…
« Une université ne peut rester au niveau de la licence », affirme le professeur Rénol Elie de la faculté des Sciences Humaines. IL doit produire et renouveler constamment son personnel. Selon lui, l’objectif de la maitrise est de former des professionnels de haut niveau et de préparer des personnes pour la recherche. L’université doit aussi répondre aux problèmes de la société, d’où l’importance d’une bonne formation supérieure.
…et conjoncturelle
Madame Monica Lajoie, du secrétariat de l’Ecole Normale Supérieure, fait savoir que l’initiative pour une maîtrise en histoire et géographie a été prise après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Le manque en personnes ressources dans ces domaines a été la principale motivation. Les maitrises en enseignement des mathématiques et physique répondent à une carence de professeurs dans ces domaines.
Des difficultés récurrentes
Malgré ces avancées dans la formation universitaire, les difficultés de base auxquelles est confrontée l’UEH persistent. L’absence de bibliothèque ne favorise pas la transmission du savoir. Les étudiants ont du mal à compléter les cours par les recherches sur internet à cause du manque d’argent.
Les ressources humaines se font rares. « Il n’y a pas de professeurs-chercheurs affectés de façon continue à ces programmes. Il y a des chargés de cours », affirme le professeur Elie. A ce niveau, il faut des chercheurs adonnés à la production de connaissance sur notre réalité. Il n ya pas de curriculum clairement défini. L’évaluation reste inefficace. Il en résulte une incertitude quant à l’ancrage dans la réalité haïtienne et de l’irrégularité dans la formation.
Les salles de cours font défaut surtout après le séisme de 2010. Il n y a pas d’équipement, de bibliothèque, de revues spécialisées. Les étudiants prennent beaucoup de temps pour remettre leur thèse par manque d’encadrement, d’où un faible taux de diplômés.
Une maitrise pour la recherche ?
Après une maîtrise, ceux qui veulent se consacrer à la recherche peuvent toujours recourir au financement par des organismes étrangers qui seraient intéressés par leurs travaux, opine Madame Lajoie. L’université d’Etat d’Haïti qui devrait être une instance première versée dans la recherche n’est pas très bien encadrée de ce côté-là. Mais le professeur Elie soutient que le problème ne se réduit pas à un manque de financement mais aussi à une absence de vision des universitaires. « Pour avoir du financement, il faut montrer qu’on fait quelque chose ».
A la faculté des sciences humaines, on commence à mettre un embryon d’ateliers de recherche qui deviendront de véritables laboratoires.
Quel regard sur cette avancée ?
Le professeur Elie pense que ces programmes de maîtrise sont une bonne chose bien que leur organisation ne soit pas la plus correcte. Il faut travailler sur les programmes, les curricula, organiser plus de colloques, exiger que les professeurs soient plus ancrés dans la réalité. Il faut aussi définir leur statut qui ne se résume pas au salaire mais s’étend à la sécurité, aux avantages sociaux, à la publication de leurs textes par l’UEH, à la reconnaissance de la communauté.
Aline Sainsoivil
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