Le 16 juillet 1848, la Vierge serait apparue au dessus d’un palmiste. A Saut d’Eau, dans le plateau central, non loin de Mirebalais, apportant la guérison aux malades frappés par la variole. C’était au cours de sa grande tournée mondiale qui l’avait conduite à La Salette et se poursuivrait par Lourdes, Fatima … Des fans du monde entier, de Manduria, Marpingen, Maracaïbo, Medjugordje, Garabnadal, Balestrino, Valkenswaard, Kurescek et d’ailleurs ont eu la chance de rencontrer aussi la dame pendant son périple terrestre. Lumineuse et claire, avec son regard doux.
Du coup, dans ces endroits, la foule revient sur les lieux : des grottes, des champs de montagne, et à Saut d’Eau, au pied de la cascade vertigineuse. Espérant un nouveau miracle.
Chaque année, le pèlerinage vers le village rebaptisé Ville Bonheur est un événement, une activité obligée, une destination. On va y faire des vœux à Notre Dame du Mont Carmel, Vierge Miracle, ou à Erzulie Dantor, divinité vodoue qui habite la grande cascade.On demande la guérison, un mari, des enfants, une maison. Tout ce qui peut être demandé.
La marche vers la chute est un moment fort. La foule est dense dès le village. Familles, vieilles dames au regard lointain, jeunes en groupes, diasporas endimanchés de clinquant et de luxe tapageur…
Il y aura cette fête religieuse. Mais aussi, comme pour les fêtes patronales, des musiques, des marchandes, des sonos à fond. Ragaman et Toro, Coca et Prestige. Les vendeurs de boissons ont sorti les décibels. C’est comme la caravane du Tour. Et puis ces marches à franchir, long escalier qui mène à la chute. On y vend ses bougies, des savons, des bidons pour l’eau miraculeuse. Et enfin, les musiques des bandes raras, vaccines et tambours qui montent du bord de l’eau.
La cascade est impressionnante. Mais le spectacle est ailleurs. Hommes, femmes, paysans, mulâtres, jeunes et vieux. Tout le monde se mêle dans une danse unique, un bain collectif. Des femmes jettent leurs vêtements, qui partent dans le courant. Comme une défroque dont on se débarrasse. Sans doute un moyen de chasser le mauvais des temps d’avant pour s’habiller de neuf. Des téméraires sont exactement sous la chute. L’eau qui cascade doit peser des tonnes.
Des transes aquatiques se déclenchent. Certains sont visiblement habités et se contorsionnent dans le courant. Les mouvements convulsifs, le rythme marqué, les prières parmi les chants païens… Alentour, les bougies sont allumées au pied des mapous et des arbres sacrés.
Les rassemblements sont toujours impressionnants dans ce pays : bandes raras, carnaval, manifestations. Mais l’athmosphère de magie et de présence divine au pied de cette cascade est une expérience forte et unique.
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