Comme se fut le cas, avec Daniel Gérard Rouzier, les contestataires à Bernard Gousse, tentent de distiller le doute sur la probité ou la « couleur » du candidat à la Primature.
Une firme d'avocats d’Haïti vient de demander à l'Assemblée législative d’ouvrir une enquête pour faire la lumière sur des allégations, à l'effet que Bernard Gousse, aurait commis des crimes alors qu'il était ministre de la Justice...
Le groupe des 16 n’a pas hésité, par la voix du Sénateur Moïse Jean Charles (INITE/GRP) d’affirmer que le Gouvernement américain ne souhaitait pas la ratification du Premier Ministre désigné et que les États-Unis se réjouissait de la résolution prise par le Groupe des 16. Des déclarations qui ont fait réagir vivement l'ambassadeur des Etats-Unis à Port-au-Prince, Kenneth Merten « Je n'ai eu aucune conversation avec un membre du groupe des 16 sénateurs » a déclaré vivement l’Ambassadeur qui a démenti les rumeurs faisant état de l’existence d’un contentieux entre son pays et le Premier Ministre désigné. Rappelant vigoureusement que les acteurs politiques ne sont pas autorisés à faire des déclarations au nom de la représentation diplomatique américaine.
Pour sa part, le Sénateur Jean Charles n’a pas hésité à utiliser des arguments fondés sur la couleur de la peau du candidat, alléguant que les choix successifs de deux personnes issues de l’élite « au teint clair », démontrent d’après lui, l’intention du Chef de l’État de rétablir des traditions anciennes...
Malgré cette situation « explosive », Me Bernard Gousse a rencontré hier matin, plusieurs parlementaires, dont certains appartiennent au groupe des 16 opposés à sa candidature, dans le but d’éviter l’affrontement et de trouver une solution à la situation, pendant qu’il en est encore temps et d’éviter la crise.
De son côté, le Président Martelly a fait une visite surprise au Parlement hier après-midi. Plusieurs Sénateurs et Députés étaient présents au moment de cette visite. Michel Martelly a rencontré séparément les bureaux des deux chambres et a personnellement salué tous les parlementaires présents. Au moment des salutations, le Sénateur Moïse Jean Charles, très hostile au Chef de l’État et chef de file de l’opposition au Sénat contre le Premier Ministre désigné, a accepté « une accolade fraternelle de Michel Martelly »...
"...ma visite n'a pas pour but de forcer une personne ou de se courber devant une personne, jamais! Ce n'est pas le caractère du Président, c'est une question d'ouverture, de démontrer que je peux m’assoir et parler, même avec ceux qui n'aime pas Martelly [...] Le fait qu'ils se sont exposé dans la presse, [Le Groupe des 16], ils peuvent ne pas vouloir se désolidarisé maintenant, mais il y a eu beaucoup de négociations. J'en profite pour leur dire que s'il sentent au fond de leur cœur qu’ils ont envi de se désolidariser pour laisser le changement passer, pour que la population trouve un souffle, de ne pas être gêné, de ne pas avoir honte, je suis allé au Parlement aujourd'hui sans honte [...] j'en profite aussi pour leur dire que s'ils sentent qu'il y a un moyen de laisser de coté les problèmes, les soupçons et toute la haine qu'ils ont dans leur cœur contre notre candidat [...] de le faire [...] c'est une opportunité pour leur dire, de ne pas laisser la lettre qui a été signée, les mettre dans une position de non-retour qui fait souffrir la population... »
Une visite perçue par plusieurs, comme une tentative du Chef de l’État d’intervenir dans le dossier de son Premier Ministre désigné et d’influencer le vote, bien que le Président Martelly a justifié sa présence comme une visite de courtoisie...
Pour Evans Paul, cette visite s’inscrit dans le cadre d’une politique de charme, à la veille du dépôt des pièces du Premier Ministre désigné. Rappelant qu’en 1991, Jean Bertrand Aristide avait recouru à la même stratégie alors qu’il rencontrait des difficultés à faire ratifier son Premier Ministre, René Préval...
Une visite qui n’a pas empêché le Sénateur Jean-Charles de réitérer la fidélité de ses collègues du Groupe des 16, au rejet de la candidature à la Primature de l’ancien Ministre de la justice. « Le dossier Gousse est fermé [...] Tous ceux qui disent que Gousse a une chance sont des menteurs, il n’y a pas 18 sénateurs pour voter pour lui comme le prétend Martelly. »
Kelly C. Bastien, l’ancien Président du Sénat, maintien fermement sa position « Une simple visite ne peut rien changer à la position des 16 sénateurs », « Nous avons signé un pacte, nous sommes tenus de le respecter... »
Le Sénateur de l’Artibonite, Willy Jean-Baptiste, membre de la Commission sénatoriale de ratification, a déploré que 5 des membres de la Commission Sénatoriale, se soient déjà prononcés contre le Premier Ministre désigné. « Cela peut, influencer leur objectivité et leur capacité d’analyse...»
Tous ne sont pas contre le Premier Ministre désigné, ainsi le Réseau National de Défense des Droits de l’Homme (RNDDH) se prononce en faveur de ce choix et rejette dans un communiqué, toutes les accusations de violations des droits de l’homme portées contre Bernard Gousse par certains parlementaires. Selon Pierre Espérance, M. Gousse « est un homme honnête, intègre, pouvant être désigné Premier ministre » il admet que des choses peuvent être reprochées au Gouvernement de transition, comme des arrestations de parlementaires Lavalas au local de radio Caraïbes. Mais Bernard Gousse en était-il directement responsable ? M. Espérance appelle au respect des valeurs et ne pas donner l’impression que ce sont uniquement les gens malhonnêtes qui peuvent faire de la politique en Haïti...
Joseph Jasmin, le Ministre démissionnaire chargé des relations avec le Parlement, estime que l’hostilité des 16 Sénateurs contre Bernard Gousse relève d’une « guerre psychologique », souhaitant que le processus de ratification suive son cours normal...
HL/ HaïtiLibre
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