Récemment élu à la présidence de la Chambre basse, Levaillant Louis-Jeune sursoit à son projet de mise en accusation de Michel Joseph Martelly, le président indexé dans l'arrestation, suivie d'une brève incarcération, du député Arnel Bélizaire, en octobre dernier. « Je ne peux pas être président de la Chambre des députés et accusateur du chef de l'Etat », a expliqué Levaillant Louis-Jeune, outré par la brève incarcération de son collègue Arnel Bélizaire.
Le texte de mise en accusation, dit-il, est prêt depuis plus d'une semaine, mais avec ma nouvelle fonction de président de la Chambre, j'ai l'obligation d'harmoniser les relations entre les pouvoirs. « Je suis un député de l'opposition et je le demeurerai jusqu'à la fin de mon mandat », a lancé le président de la Chambre des députés, au lendemain d'une rencontre avec Michel Martelly. Accompagné de son homologue du Sénat, Simon Dieuseul Desras, et d'une douzaine de députés et sénateurs, Levaillant Louis-Jeune a discuté du prochain agenda législatif avec le chef de l'Etat.
Des dossiers susceptibles de provoquer des conflits entre l'exécutif et le législatif, poursuit Levaillant Louis-Jeune, ont été évoqués lors de la réunion entre le président Michel Martelly et les parlementaires. Le renouvellement du tiers du Sénat, la publication de la version corrigée de l'amendement de la Constitution de 1987 et le Fonds national d'éducation (FEN) figurent parmi les dossiers brûlants qui ont été soumis à la table de discussion a révélé Levaillant Louis-Jeune.
« Les parlementaires ont voté l'amendement; le président Martelly doit trancher pour avancer avec d'autres dossiers importants pour le pays », a estimé le vice-président de l'Assemblée nationale.
M. Louis-Jeune a, par ailleurs, exigé de nouvelles élections pour renouveler le tiers du Sénat. La rallonge obtenue pour dix des trente sénateurs en fonction, arrivera à terme en mai prochain. « Les retards accumulés pour organiser les sénatoriales partielles pourraient être considérés comme une volonté de l'exécutif de destituer le Parlement », a estimé le parlementaire, membre du directoire de l'INITE, l'ancienne plateforme présidentielle de René Préval. « Avec un Sénat amputé d'un tiers, l'absence de cinq de ses membres suffit pour paralyser le Parlement », a calculé le représentant de Desdunes.
Levaillant Louis-Jeune exige également de l'exécutif un projet de loi sur le Fonds national d'éducation lancé par Michel Martelly en juin dernier. « Ce projet de loi doit accompagner le dépôt du budget rectificatif que le gouvernement s'apprête à déposer au Parlement », a insisté le président de la Chambre des députés.
Si Levaillant Louis-Jeune a mis en veilleuse son projet de mise en accusation de Martelly, la commission d'enquête diligentée par l'Assemblée, suite à l'arrestation d'Arnel Bélizaire, poursuit sa série d'auditions. Laurent Lamothe, ministre des Affaires étrangères, et le directeur général de l'Autorité aéroportuaire nationale, Pierre-André Laguerre, ont été interrogés, jeudi, par la commission présidée par le député Danton Léger. « Ils ont collaboré et ces auditions nous mettent sur des pistes loyales », a fait savoir Danton Léger. Le Premier ministre Garry Conille, l'ex-ministre de la Justice, Josué Pierre-Louis, et le ministre de l'Intérieur, Thierry Mayard-Paul, seront interrogés, selon le président de la commission.
« La montagne n'accouchera pas d'une souris », a martelé le député Léger, qui promet la présentation du rapport à l'Assemblée le mois prochain. Un rapport accablant pour certains officiels du gouvernement a été présenté en décembre dernier par le Sénat. Quelques heures avant la présentation de ce rapport, Josué Pierre-Louis, perçu comme le principal suspect dans l'arrestation du député Arnel Bélizaire, avait convenu de démissionner de son poste de ministre de la Justice et de la Sécurité publique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire